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La face cachée

La face cachée

 

Je suis resté assis 30 minutes après avoir raccroché…

Ce que je viens d’entendre m’a définitivement touché !

Esse Winter serait la maman d’un petit garçon ?

D’un coup j’ai chaud ; je dégouline comme un glaçon.

 

Et moi qui croyais finalement toucher au bonheur !

Réagir, c’est désormais une question d’honneur…

Mais que faire ? L’appeler et lui dire ce que je sais

Ou débarquer là-bas sans aucune chance lui laisser ?

 

La situation est délicate ; toutes sortes de pensées

Me traversent : des raisonnables, et des insensées…

Difficile de prendre du recul face à tant d’agressions,

Difficile de m’imposer quelque censure ou répression.

 

Je ne suis qu’un Homme, et j’ai droit au ressentiment :

Enterrer mes émotions sous une couche de ciment,

Et me laisser silencieusement souffrir cette trahison

Est impensable ; ceci n’est pas l’avenir que nous visions !

 

-Il faut que je l’appelle… - non il faut que je la vois…

Mon esprit décisionnel est partagé entre ces 2 voix !

Ah ! La nuit porte conseil… il faut que je me couche !

Mais je dormirai bien mieux après une bonne douche…

 

La salle de bain est noyée dans les vapeurs d’eau ;

Les jets chauds de la douche me fouettent le dos

Avec la même fermeté que les massages d’Esse…

Les yeux fermés, je reconnais un peu de son adresse.

 

Devant mon lavabo, je me perds dans les nuages de buée.

L’air est humide et je suis trempé comme si j’avais sué…

Dans le miroir je crois alors voir deux formes distinctes ;

Je ne fais plus la différence entre le délire et mon instinct !

 

Du plat de la main, je balaie lentement le miroir

Pour y voir plus clair : Rien à faire, ce n’est que moi !

Mon seul visage, déjà marqué par le récent choc ;

Le regard coléreux, et les traits qui suffoquent…

 

Il me semble que nous sommes tous faits ainsi :

La raison n’existe pas toujours quand l’âme incite

A l’impulsivité. Et si nous envisageons quelque bêtise,

C’est contre le bon sens que nos émotions méprisent !

 

Sans même vraiment comprendre ce que je faisais,

J’ai décidé d’écouter les vives pulsions que je taisais…

Un jean enfilé, j’ai vêtu ma plus belle chemise blanche,

Et je suis sorti rencontrer mon destin pour qu’il tranche !

 

Destination : l’Angleterre. Mlle Esse Winter j’arrive !

La Manche, en avion ou à la nage, jusqu’à l’autre rive,

Je le ferai ce soir. Surtout, je le ferai pour comprendre !

Quitte à ce que notre histoire soit réduite en cendres…

 

En courant dans tous les sens, j’ai bientôt eu un taxi.

« A l’aéroport s’il vous plaît ! » dis-je à peine assis…

10 minutes plus tard, « - Je vous sens bien stressé…

- Ne vous inquiétez pas, je suis simplement pressé ! »

 

Nous sommes arrivés. Je lui paye ce que je lui dois ;

J’interpelle un étranger qui me renseigne du doigt…

Me voici alors dans le hall pour les vols vers Londres :

« - Passeport ! – Tenez ! » Juste ce qu’il faut répondre.

 

Les formalités remplies, aucun bagage à enregistrer.

Londres… je me demande à quelle heure j’y serai !

Je fais le tour de l’aérogare, en attendant d’être appelé ;

J’ai un peu peur : ma bouche est pâteuse et salée…

 

C’est le moment où jamais pour faire demi-tour.

Cogiter… cogiter… Aie ! J’en deviens presque fou !

« - Excusez-moi monsieur, pour l’Angleterre…

- Vous prenez à droite là, et c’est juste derrière ! »

 

Perdu dans mes pensées je n’ai pas prêté attention

A l’allure de la femme à qui j’ai donné ces indications.

En observant un peu mieux je me rends compte qu’elle

Porte un voile, et de ses yeux on ne voit que la prunelle!

 

Marchant à ses côtés, un petit garçon lui tient la main.

Et je me mets à imaginer quelle sera sa vie demain ;

Comment se construire et s’identifier à un parent,

Dont les traits du visage sont si peu transparents…

 

Silencieux, je les regarde disparaître à l’horizon ;

Je reviens à moi, et souris sans véritable raison.

Il est presque 20h10. L’heure de mon vol approche.

Et je m’avance dans cette obscurité, sans torche…

 

Je rejoins les autres passagers dans la salle 3C.

Je repère alors deux mecs aux visages froissés ;

Une expression de connards ou d’hommes aigris.

Mais derrière eux, il reste le seul fauteuil non pris…

 

Assis dos à dos, je peux les entendre discuter ;

Je reconnais alors celle qu’ils sont entrain d’insulter.

Je ne peux pas vraiment identifier qui dit quoi,

Je les appelle X et Y, en me basant sur leurs voix…

 

« Perso, je trouve vraiment çà moche et ridicule,

Ces mœurs selon lesquelles les hommes ne reculent

Devant rien pour humilier, et rabaisser les femmes.

 Ceux sont quand même des êtres avec des âmes ! »

 

«  Je ne te le fais pas dire ! Mais attends, si encore

Ils se restreignaient à opprimer leurs pauvres corps

Entre eux là-bas, en Orient, dans leurs frontières… »

 Dit Y,  « regarde ces représentations  grossières ! 

 

On ne se sent plus chez soi ici avec autant de gêne !

La liberté d’être, c’est ce que respirent nos gènes,

Et il y a lieu de s’offusquer de tels abus moraux !

En tout cas, c’est une piètre imitation de Zorro… »

 

« Ah ! Ah ! Ah ! Ne me tue pas de rire ! », Dit X,

« Cela dit, je me demande s’il n’y a aucun risque

A voyager dans le même avion que ces gens…

Hommes ou femmes, je me méfie de toute gent ! »

 

« Tu l’as dit mon ami ! Pourquoi se déguiser

Ainsi, si ce n’est pour cacher quelque visée ?

Ce qui me choque vraiment c’est leur inhumanité ;

Et ce point, dans la presse, fait de loin l’unanimité !»

 

Véritablement agacé par ce tableau qu’ils peignaient

Comme des artistes, un brave passager se plaignait

Bientôt de leurs propos racistes et intolérables…

Rira bien qui rira le dernier ; leur fin fut déplorable !

 

L’avion a décollé ; nous sommes débarrassés

Des deux troublions. Et voici que s’effaçaient

Déjà sous nos hublots, les lumières de ma ville ;

Moi allant tenter de rallumer celle de ma vie !

 

Le vol a duré 1h30. Je n’ai pas vraiment dormi ;

Je suis resté là, assis à ne rien faire, hors mis

Penser à ce que je trouverai bien à lui dire…

Je la sais impulsive, donc je ne peux rien prédire !

 

Taxi. Ruelles londoniennes. Circulation inversée.

L’asphalte est trempé de ce que la pluie a versé.

Le chauffeur adopte une conduite prudente.

J’arrive à destination à 23 heures tapantes…

 

En haut, je sonne deux ou trois fois à sa porte.

Elle ouvre. Une nuisette est tout ce qu’elle porte !

« - Alors, on ment sur les infos que l’on donne ?

- Quoi ? Mais, qu’est ce que tu fais là, Landon ? »

 

« Eh bien dis-toi, je me posais la même question,

Mais il faut croire que l’heure est à la confession ! »

Sans lui laisser le temps de m’inviter à l’intérieur,

J’entre, et continue avec un ton toujours supérieur…

 

«- Je suis là pour savoir quel rôle tu pensais endosser

Jusqu’ici dans notre couple ? Pourquoi as tu faussé

La base sur laquelle reposait notre tranquille relation ?

- Calme-toi, je ne comprends rien à cette excitation ! »

 

« - Me calmer ? Hé, Quoi, tu caches aussi un amant ?

- Non abruti, je dis çà parce que j’ai couché l’enfant !

- Ah, voilà ! Et tu me l’annonces comme çà sans bégayer…

- Allons parler de çà ailleurs, je ne tiens pas à le réveiller ! »

 

Elle a dit çà en montrant de façon reflexe

La chambre du petit, dans la pièce annexe.

Silence. Nos yeux se dirigent ensemble vers cet endroit ;

Son visage, caché derrière la porte, était en  effroi…

 




16/10/2010
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