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Boucler la boucle

Boucler la boucle

 

Il est 6h, Les premiers rayons de soleil.

Çà bouge dans le lit. Esse se réveille.

Et s’étonne quelque peu de ma présence.

Je l’observe, silencieux. Elle pense…

 

Elle parcourt la pièce du regard,

Envisage certainement un départ

Imminent : la main sur les yeux,

Demande-t-elle pardon à son Dieu ?

 

Lentement elle se redresse.

Recoiffe une rebelle tresse.

Voici qu’elle me tourne le dos ;

Je la scrute comme un ado.

 

Je veux m’approcher d’elle,

Ressentir la douceur de ses ailes,

M’enivrer de l’odeur de sa chair,

Lui crier combien elle m’est chère !

 

Lui dire que j’ai passé une nuit

Inespérée, flatter encore son ouïe

De quelques charmantes paroles,

L’amuser de quelques phrases drôles !

 

Mais je n’en fais rien. Je reste net.

J’ai trop peur, pour être honnête.

Peur de ce qu’elle pourrait dire,

Peur qu’elle puisse même en rire…

 

Elle enveloppe son dos nu d’un drap,

Se lève silencieuse et marche à petits pas

Vers ses vêtements, et ses souliers.

C’est clair : elle va encore m’oublier…

 

Je me surprends à lui barrer le chemin :

« Je tiens à ce qu’on se revoit demain ! »

Elle n’en dit rien. Son regard est désolé !

C’est trop dur. J’aurais besoin de m’isoler…

 

 

Si près du but ? C’est l’incompréhension…

Je ne peux composer sans l’appréhension.

Et si j’insistais pour un autre rendez-vous ?

Hum, elle me prendra encore pour un fou !

 

Je dois pourtant essayer de la retenir ;

Au moins, qu’elle accepte de revenir…

J’ai besoin qu’elle m’apporte sa vérité

Sur  les souvenirs dont j’ai hérité…

 

« Esse attends, pourquoi partir si vite ?

Reste donc pour le café… je… je t’invite !

Deux minutes, le temps que je débarrasse… »

Mais çà se voit : la situation l’embarrasse !

 

Je nettoie ici et là, sors ensuite deux tasses,

Pendant qu’elle se recoiffe devant la glace.

Je m’excuse de n’avoir que du jus d’oseille,

« Oh non! J’ai perdu une boucle d’oreille… »

 

En silence, je me réjouis de cette aubaine !

Voyons donc où ce gain de temps nous mène.

Elle cherche un peu partout : un véritable robot…

Bientôt, elle s’arrête, interdite, devant une photo

 

Je la rejoins alors pour mieux comprendre

« Ah oui! J’avais été pris comme membre

Du conseil des étudiants à l’université… »

Elle s’éloigne. Bon, je ne vais pas insister…

 

Elle a repris ses recherches, plus acharnée !

Rien n’y fait ! Je n’en suis pas moins charmé…

De temps en temps elle ramasse un objet,

Et l’examine comme on se penche sur un projet.

 

Je me plais à me dire qu’elle veut rester,

Et que tout ce jeu n’est là que pour me tester.

Je souris quand elle fouille des coins impossibles.

« Ah ! Là, une araignée… argh, c’est horrible ! »

 

Elle se rend. Ses efforts assidus ont été vains.

Elle boude. J’en ris. Elle se retourne et vient…

Furieuse, elle s’écrie : « - What, did you hide it ?

-          No ! But I am becoming quite addicted…»

 

«Stop it! » fit-elle, apparemment excédée.

J’attends qu’elle me demande de l’aider…

«Tu sais, le petit déjeuner risque de refroidir …»

« Je m’en fous, de toute façon je dois partir ! »

 

D’où nous sommes, elle est suffisamment près

Pour que je puisse encore admirer ses traits,

Capturer quelques effluves de son parfum,

Et me noyer dans son regard fébrile enfin…

 

En une nuit je la trouve vraiment changée :

Hier j’étais l’amant, aujourd’hui l’étranger.

Et pourquoi cette impression de déjà-vu,

Pour me transporter quand on était déjà nu ?

 

« Hum ! Tu dois avoir de sérieux problèmes…

En t’attachant, tu t’imposes d’inutiles dilemmes.

Me dévisager ainsi alors que je ne t’ai rien fait ?

Je te plains si tu crois encore aux contes de fée ! »

 

Si elle dit vrai, pourquoi sa voix a donc tremblé ?

Et ce ton m’est familier. C’est ce qu’il me semblait :

Cet air de déjà vu, la photo, et même ses caresses,

Un jour passé, on a eu à se rencontrer, Esse…

 

 « Je ne rêve à rien ! J’étais simplement curieux

De savoir qui de toi ou moi était le plus vieux…

En t’observant je te trouve un peu décrépie,

Dans l’obscurité de la nuit je me suis mépris ! »

 

Esse Winter ne sait quoi dire, elle est estomaquée.

Elle court vers la sortie ; « Bang » : la porte a claqué !

Mais elle n’était pas du tout facile comme femme :

L’orgueil est le vêtement qui habillait son âme…

 

Pas plus de 2 minutes ne s’étaient écoulées

Avant qu’elle revienne mon parquet fouler.

Le regard sauvage et rancunier : un animal !

Je suis heureux : j’ai touché où çà fait mal…

 

« Pour qui te prends-tu espèce de connard ?

Argh ! J’aurais dû m’en douter hier soir au bar…

Tu n’es qu’un minable, pas différent des autres ! »

Elle renverse mes meubles et fout tout en désordre.

 

« Et si tu te calmais, qu’on puisse s’expliquer ;

J’essaie de savoir dans quoi on s’est impliqué !

Hier j’ai eu comme une drôle d’impression,

Un afflux de souvenirs qui donne des frissons… »

 

« - Encore des belles phrases, un gros baratin !

On connait votre réputation, vous autres, latins…

-          Non mais avant de te montrer aussi effrontée,

Ecoute moi… je pense qu’on s’est déjà rencontré !»

 

Elle se reprend, détourne le regard et baisse la tête

Comme si elle savait. Un peu perturbé, je m’arrête.

Elle se détache. Marche. Elle fait le tour de la pièce.

« As-tu quelque chose à me dire ? » Elle acquiesce !

 

« Je me souviens effectivement de toi, Mr. West

Hier, je ne t’ai pas d’abord reconnu avec cette veste

Mais très vite, au fur et à mesure de la conversation

Je savais qui tu étais. Mais tu n’as pas fait attention… »

 

« Quoi, tu veux dire que depuis là tu me fais marcher ?

Quand je m’efforçais à trouver comment te cracher

Ce sentiment étouffant ? Tout m’était trop vague,

Mais toi tu en rigolais ? Quelle mauvaise blague… »

 

« Oui je me suis souvenu de la soirée en boite*

Où tu m’avais draguée. On était jeune, çà date !

Tu disais m’admirer quand j’étais prom queen

Tu chantais comme un petit chiot qui couine… 

 

Ne le prend pas trop mal, c’était amusant

Bref, tu n’en étais pas moins séduisant…

Et nous avons fini la soirée chez toi, dans ton lit.

C’était une de ces soirées que jamais on oublie !

 

Comme hier pendant le sexe, je t’ai senti suspicieux,

Pour rire, j’ai pensé à un plan un peu malicieux :

Je n’ai pas vraiment perdu ma boucle d’oreille,

En fait, je l’ai caché dans un vêtement, dans ta corbeille… »



28/05/2010
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