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Col d'Esse Winter

Col d'Esse Winter

 

Dans un pub. Je bois pour oublier ma vie.

Tour d'horizon, nos yeux se croisent.

Sous le charme, je souris, elle me toise.

J'insiste, ses allures me donnent envie…

 

Un serveur me tape sur l'épaule :

« Pour l'avoir soyez direct et sincère! »

« - son nom ? - euh… Esse Winter! » 

Elle dissimule ses lèvres sous son col.

 

Maintenant elle joue à la fille très occupée…

Je me lève, hésite un temps, et me rassois.

« - Une anglaise? Je ne parle pas ce patois !»

« - Allez-y !» m'encourage t'il un peu amusé

 

Voilà je suis debout, et le pas lent,

Je m'avance. Les dés sont déjà jetés.

Tant pis si mes propos vont l'embêter ;

J'irai à nu. Sans manigance, sans plan.

 

« Euh… Bonsoir Mlle ! » Je lui chuchote.

Elle reste impassible, continue sa lecture.

Je me répète en espérant une ouverture.

J'éclate de rire. Surprise, elle sursaute!

 

« Quelle approche ridicule, c'était pourri! »

Spectateur, le serveur était intervenu

« Madame, Monsieur, voici le menu… »

« -Quoi? - Oui, quoi? » Silence. Elle sourit

 

« -Écoutez, ce n'est pas ce que vous croyez

J'étais certes maladroit, mais vous me plaisiez

Et quand je vous parlais, vous vous taisiez…

-Je vous en prie…  vous pouvez me tutoyer »

 

Je m'assieds en face d'elle, à la même table ;

Je la regarde timidement, mais n'ose rien.

Elle lit, le menton dans le col. Puis soudain :

« Est-ce là tout ce dont vous êtes capable? »

 

« Apprenez Monsieur, que, quand envers

Une femme on affiche quelque prétention

Le minimum est de lui dire ses intentions… »

Je me lève. Elle : « vous me devez un verre! »

 

« Euh… mais… pourquoi… enfin… çà, non! »

« Même pas consommer et on veut s'enfuir?

Installez vous, et sortez de cette veste en cuir »

A elle : « Mme je crois qu'il vous trouve canon! »

 

… Comme si je n'étais pas assez embarrassé!

Je me reprends. On nous sert nos commandes.

Je lui demande si elle est finalement contente ;

Ses yeux ne m'inspirent que de l'embrasser…

 

Je me présente alors. Il n'y a plus rien à risquer.

M'intéresse à ce qu'elle lit. « Matobo Ulé. »

L'interroge sur le petit jeu avec son col roulé.

« Je ne joue pas, je trouve que l'air est frisquet ! »

 

« J'avoue que le temps aurait pu être meilleur,

Certains jours quand le soleil est bien haut

On peut même apprécier le chant des oiseaux… »

Silence. Elle ne dit rien. Je regarde le serveur!

 

« Je m'appelle Esse. J'étudie en psycho,

Et vous êtes étrange comme personnage,

Même si séduisant… c'est bien dommage !

Votre cas doit avoir un nom dans notre dico. »

 

« Ah! Vous me trouvez séduisant alors… »

Silence. Elle me jette un regard curieux !

«- Euh, ne me prenez pas trop au sérieux…

- Je crains qu'on ne soit jamais d'accord! »

 

« Je vois, je n'ai pas les faveurs de Mlle Esse,

La belle anglaise, frileuse, et trop cultivée,

Simplement parce que je ne sais pas courtiser?

Cet art difficile requiert trop de délicatesse… »

 

Son regard a changé. Elle se redresse un peu,

Prend son verre, et en avale deux gorgées.

J'ai peur qu'elle veuille déjà prendre congé…

Elle : « soyez tranquille, je vous trouve anxieux. »

 

Je souris. Elle se replonge dans son bouquin.

Le temps passe. Le bar est plein. Et j'observe

Les clients bruyants, impatients qu'on les serve.

Il y a des chauves, des barbus, des boudins…

 

« - Je vous trouve étonnamment patient !

- Eh bien… j'allais justement vous proposer…

- Quoi donc ? Ne vous gênez pas… allez, osez !

- Sortons d'ici, allons chez moi, en marchant! »

 

« Haha ! » me dit-elle, l'air de dire que j'abusais.

« Il n'y a plus rien à faire ici, le bar se remplit

Et ces gens parlent aussi fort que des amplis…

Venez! Je vous le promets, on va s'amuser… »

 

Elle se caresse les mains, le regard dans le vide.

Réfléchit à sa vie, sa soirée, et à ses principes…

Quel est cet inconnu qui, son esprit, émancipe ?

Mais les sensations nouvelles la rendaient avide…

 

« Je ne tiens pas à ce que vous vous trompiez

Sur mon compte. Je respecte les femmes :

J'ai été éduqué par une très grande dame

Qui, contre les siens, a épousé un plombier… »

 

« okay, okay ! Je repars déjà dans une semaine ;

Cette rencontre était amusante, même si fortuite,

Et j'ai beaucoup apprécié la collation gratuite !

Mais je me languis. J'attends qu'on m'emmène… »

 

Elle a fermé son livre. Elle fouille dans son sac.

Se lève brusquement et marche vers les toilettes.

« hé hé hé l'ami, c'est pour vous qu'elle s'apprête?! »

Le serveur n'avait trouvé que çà comme blague…

 

« Sortons ou buvons à nous en rendre ivres! »

Elle était revenue, apparemment très pressée.

« Attendons que le serveur nous ait encaissé… »

« Merci Monsieur ! Madame, votre livre… »

 

Mal éclairées, les rues sont un peu sombres.

Esse marche derrière moi, sans dire un mot.

C'est trop rapide, on n'est pas des animaux…

J'ai peur d'elle. Au sol, je surveille son ombre!

 

On est arrivé. Winter devait mourir de froid ;

La pauvre a fait le chemin, le nez dans le col.

« - Çà ira mieux, c'est chauffé dans le hall…

- Oh! Dis donc, c'est grand et tout joli chez toi… »

 

Çà me fait drôle ; elle vient de me tutoyer!

Pour en venir à ses fins, c'est plus pratique…

Que faire ? Je n'ai pas vraiment de tactique!

Je n'ai bientôt plus pied, et je vais me noyer…

 

« Toutes ces œuvres ! Tu sembles être féru d'art…

Oh! Çà... celui là j'adore, un tableau de nue !

Le corps n'est jamais aussi beau, sans tenue !

Je fonds. Sais tu ce que tout çà m'inspire si tard ? »

 

« Ah, c'est génial que vous l'aimiez autant !

J'ai fait des pieds et des mains pour l'avoir ;

C'est une œuvre qui ravit, rien qu'à la voir !

Demain, au musée, si vous avez du temps… »

 

« - Dis moi plutôt ce que tu sais de la volupté,

De l'état d'excitation qui emporte le corps ?!

- Je… Je n'y ai pas vraiment réfléchis encore,

Mais pour y résister il faut de la volonté… »

 

Elle sourit. Maintenant elle se rapproche

Et se colle contre moi. Dieu, sa respiration!

Quelle image! Je reste net, en admiration…

Elle se penche et nos lèvres s'accrochent.

 

« Écoute j'étais assise, à lire, tranquille,

Et tu as voulu jouer au gars qui jauge !

Je ne… Eh! Arrêtes avec cette horloge…

A cette heure, je ne repars pas en ville! »

 

« Je vous ai abordé, mais j'aurais dû me taire.

Vous me plaisez, vous êtes magnifique

Mais je me connais quand je panique ;

Donc je vous décevrai, je ne saurai pas y faire… »

 

Surprise, elle me regarde avec tendresse.

Je réagis et prend finalement confiance.

Mon imagination à l'écoute de ses sens

Défie ses attentes : elle aime mes caresses!

 

Les choses s'emballent. Voilà, l'envie monte.

Elle me dit des mots doux dans l'oreille,

Je remercie le serveur pour la bouteille…

Nous nous découvrons sans pudeur ni honte!

 

Ses seins sont beaux. Et son corps élancé

M'offre un spectacle si merveilleux

Qu'il fait de moi un homme joyeux!

Silence. La pièce regarde nos âmes danser…

 

Le parfum de l'amour empoisonne déjà l'air :

Sans hâte, ils se parcourent avec plein de tact ;

Après de soigneux préliminaires, suit l'acte…

Hum, cette chaleur, C'est le col d'Esse Winter!



28/05/2010
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