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Souviens toi, Reviens moi

Souviens-toi, Reviens-moi


Il est loin le soir au bar, quand on s'est vu.

Esse doit maintenant repartir, comme prévu.

C'est le Jour-J ; son avion décolle à 1 heure.

On n'en parle pas ; çà tuerait notre humeur !

 

Même si certains signes ne trompent pas :

Elle feint pour que le masque ne tombe pas,

Mais j'arrive à la lire quand elle est pensive ;

Esse ne le montre pas, mais elle est sensible.

 

Je n'ai pas dormi de la nuit. Pas sommeil.

Je me suis tourné les pouces et les orteils,

J'ai cogité, seul, dans l'obscurité de la nuit ;

Epuisée, Esse s'était écroulée avant minuit.

 

La veille, on est sorti faire quelques courses.

Il fallait en profiter : la météo était douce ;

Peu de vent, avec un soleil haut comme il faut.

Elle : « tu avais raison, j'entends les oiseaux… »

 

Dans le premier magasin, c'était l'embouteillage.

Et elle de plaisanter : « pendant les essayages,

N'apprécie pas si tu ne comptes pas me l'acheter,

Sinon je te trouverai d'une pathétique lâcheté… »

 

J'étais impressionné : « quelle inspiration, quel goût ! »

Elle faisait des mélanges qui ne tiennent pas debout…

« Chemise jaune, ceinture noire, et pantalon violet ?

 Hum, là c'est le code des couleurs que tu as violé… »

 

«- Arrête ! Allez… attends… et si j'enlevais la ceinture ?

- Oui, t'as raison, c'est çà qui fait effet pot de peinture !

- Et je pourrais rajouter une cravate et des bottes…

- Ok, dis-moi, qu'est ce tu as contre notre époque ? »

 

« - Mais vous êtes trop nuls ici ! En Angleterre,

Avec un look comme çà, il y a de quoi être fier…

- Mais l'élégance n'importe donc pas là-bas ?

- Haha ! Non mais, c'est moi qui dis n'importe quoi ! »

 

Finalement après avoir fait 2 autres magasins,

 Grand constat : nos goûts n'étaient pas voisins !

Pas vraiment de quoi se plaindre au fond,

Je n'ai pas eu à dépenser le moindre rond…

 

 Esse sourit et me dit ce qui l'amuse :

« Ah, tu penses être une bonne muse

En matière de goût vestimentaire

Avec ce tee-shirt 'pink panther'?»

 

On a continué à marcher dans la ville,

Et il lui est alors venu une drôle d'envie :

« Et si on se faisait une petite course ?

Le premier à arriver là-bas, à la source… »

 

« - Non, mais non ! Ma chérie, il y a des gens…

- Et alors ? Pour eux nous sommes 'Paul et Jean' !

Ce sera rigolo, apprends à être plus spontané,

Et tu verras, personne ne va te condamner… »

 

Je ne me suis pas fait prier plus longtemps ;

J'ai accepté, sans vraiment être content !

Je faisais le minimum, à trottiner derrière,

Elle a couru comme si c'était sa dernière…

 

A l'arrivée, je la regardais avec stupeur.

Elle : « qu'est ce qu'il y a, je te fais peur ? 

Tu courrais comme si t'étais intimidé… »

Quoi ? Je n'allais quand même pas l'imiter !

 

Incroyable, est le mot pour décrire cette fille

Rien ne l'effraie : elle semble adorer les défis !

« - Etre à ce point soi-même, c'est pas difficile ?

- Se laisser guider par la société, c'est imbécile ! »

 

On a pris des glaces et on s'est installé.

Elle : « Dis, t'es plutôt 'sucré' ou 'salé' ? »

« - Quoi, tu veux commander des crêpes aussi ?

- Très drôle ! Quoique, c'est toujours possible… »

 

Je souris. Elle me nettoie le rebord des lèvres.

Un marchand passe avec des bébés lièvres

Dans une cage. Elle lui saute dessus, et les caresse :

« Tiens Landon, il faut les tenir avec tendresse… »

 

Le spectacle est terminé, ils repartent.

On doit continuer ; je sors une carte…

« -Bon qu'est ce qu'on pourrait visiter ?

-Le musée ! » Répond-elle sans hésiter !

 

Surpris, je lève la tête, assez intrigué…

Elle sourit en me tendant un briquet :

« - On ira dans un coin où il fait très noir !

-Mais… enfin… pourquoi ? -J'ai envie de toi ! »

 

« - Ecoute, tu ne peux pas tout décider…

 -Bon, faisons comme si c'était ton idée ! 

- De toute façon, je pensais à la même chose !

- Viens, allons faire ce que personne n'ose… »

 

« - Euh, attends ! Mais pourquoi le musée ?

- Parce que c'est l'argument dont tu as usé

 Le premier soir, pour essayer de m'échapper !

- Hum, tu ne cesseras jamais de m'épater… »

 

On y entre comme des visiteurs normaux.

Impressionnée : « Is that a sapiens homo ? »

Je confirme de la tête, et la dirige ailleurs,

Où, pour l'intimité, le coin serait meilleur !

 

Je sors le briquet. On y voit presque plus.

L'air est moite, comme quand il a plu…

On est un peu maladroit ; on est assez pressé.

Donc pour y arriver, il nous faut plusieurs essais !

 

Alors que nous sommes pris dans la fougue,

On entend arriver : « Ah ! C'est qui le bougre? »

Rien à faire, nous interrompons le rapport ;

L'envie est là, mais notre réputation d'abord…

 

A l'extérieur, Esse ne parle pas. Elle semble déçue ;

Je le mesure à combien son enthousiasme a décru.

« -On continue la balade, ou on rentre à la maison ?

- Tout çà m'a rendu malade, donc oui, rentrons… »

 

Sur le chemin, je l'ai trouvé calme.

Je veux pouvoir consoler son âme ;

Je lui demande ce qu'elle veut au diner,

Je lui propose même d'aller au ciné…

 

Au fond, elle doit penser que c'est le dernier jour.

Elle avait dû rêver que tout serait parfait, 'bijou'…

Mais Esse n'est pas le genre à se laisser abattre,

« Ne pas choisir, c'est encore choisir » disait Sartre !

 

A la maison, elle avait tout repris en main ;

Acharnée, elle voulait repousser Demain…

J'étais aux cuisines. Elle s'occupait du ménage.

La nuit était tombée. Dehors, c'était l'orage !

 

On a mangé, face à face, sans vraiment se parler.

Discrètement, elle a effacé une larme qui perlait.

J'étais surpris, parce que ce n'est pas son genre,

Elle s'est levée, et a fait jouer du John Legend…

 

Elle n'est plus  jamais revenue s'asseoir.

Elle dansait là. Elle me disait au revoir…

J'ai reconnu la chanson « I love, You love »

Je l'ai rejointe ! Les départs aussi s'arrosent…

 

Dans les bras l'un de l'autre, nous dansions.

Très lentement, nous nous déplacions,

Comme pour enlever de la vitesse au temps,

Pour que ce moment dure plus longtemps…

 

Elle a penché sa tête en arrière, m'a regardé.

Elle exprimait la tristesse qu'elle se gardait

De crier tout haut ! Je partageais son chagrin ;

Je n'ai rien dit. J'ai simplement pris sa main…

 

Nous étions comme au milieu de nulle part

Tous les deux seuls, dans mon appart…

On entendait la pluie doubler de force sur le toit ;

Là haut, les anges  pleuraient pour elle et moi...

 

« - Penses-tu pouvoir te défaire de ces souvenirs ?

Que nos sentiments pourront finalement survenir

A la séparation, au Temps, et à la distance ?

- Je t'aimerai en Angleterre, comme en France… »



28/05/2010
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