You Live & You learn...

Voyage vers une autre vie

 

Voilà, journée banale. Encore une.

Peut-être qu'avec un peu de fortune

Je ne serai pas encore dérangé

Par les voisins, ou quelque étranger…

 

J'ai besoin de me retrouver un peu.

J'ai besoin de rêvasser à nous deux.

Il est à peine 17 heures ici ; j'ai fini plus tôt.

Ce soir : petite bière, télé, ou sortie bistrot ?

 

Peu inspiré, je commence à tourner en rond.

Je flemmasse, j'écoute de vieilles chansons…

Me laisse transporter à la guise de mes souvenirs.

Je suis surpris par des images que je n'avais vu venir.

 

Je me revois enfant, jouant ici et là, pieds nus,

Sur ma terre natale, un short comme seule tenue.

Au milieu d'une ribambelle d'autres gamins,

Ma sœur est trop agitée ; je la tiens par la main.

 

Un couplet après un autre, les pistes défilent.

D'un épisode à un autre, je me repasse le film

De ma vie, mes plaisirs et peurs, dans le désordre :

Ça va des gâteaux à la crainte de me faire mordre !

 

Je suis sur la branche d'un arbre, par temps de pluie.

Peu conscient, je me penche pour attraper un fruit ;

En bas mes copains me disent combien je suis brave…

Le danger de l'aventure, qu'est ce qu'ils en savent ?

 

Les longues soirées où maman nous faisait réviser

Pour obtenir les rangs ou les notes qu'elle visait

Pour nous ; le nom de la famille en dépendant.

Beaucoup de pression, peu de répit cependant…

 

Je lui ai toujours trouvé un immense courage :

4 enfants, la même volonté, le cœur à l'ouvrage ;

Le regard aimant, la voix et les punitions sévères

« Recopier 20 ou 50 fois ! », je trouvais çà pervers…

Les réveils à 5h du mat', avant de prendre la route ;

Eviter les affluences, voilà ce que çà nous coûte…

C'était toujours çà les départs en vacances,

Pour 8 heures de trajet, quand on avait de la chance.

 

Assis à l'arrière de la voiture, on réclame le climatiseur.

J'observe souvent les yeux de papa dans le rétroviseur,

Comme pour essayer de capturer ses pensées…

Maman parle, personne ne la coupe dans sa lancée.

 

Je reviens soudain à moi, et pense à la belle Esse,

A son corps, ses cuisses, ses lèvres, ses fesses…

C'est ainsi, la pensée est un concept sans logique ;

Gare aux flashes qu'elle t'envoie quand tu cogites !

 

On oublie tout. Focus sur les photos de mon passé :

Tous ces évènements que mon esprit n'a pas assez

Digéré ; la mémoire est un grand livre dont les pages

Regorgent de tout : parfums, voix, rires, et images…

 

Les rentrées de classe, les fêtes d'anniversaire,

Le collège, la loi de l'amour qui était arbitraire.

Tracy, la pression, mes nombreuses maladresses,

Jusqu'à la fin du lycée, quand j'étais alors épris d'Esse.

 

Je me demande ce qu'elle fait, avec qui elle est

Je pense à sa voix, son rire… je pense à l'appeler.

Le répertoire ouvert, je me retrouve à la lettre 'T'…

On ne s'est plus reparlé depuis qu'on s'était quitté !

 

Ring ! Ring ! Ring ! En écoutant les coups de sonnerie

Je me demande ce que je fais… peut-être une connerie !

Trop tard le numéro est composé, il n'y a plus qu'à

Assumer l'appel, en adulte, sans en faire plus de cas…

 

« - Allo ! Allo ! A qui ai-je l'honneur là s'il vous plait ?

- Oui, allo… Euh, Tracy, c'est moi… Landon West…

- Landon ? Ah pour une surprise, ça fait longtemps !

- Tiens, tu le prends bien… ça va, c'est rassurant ! »

 

« Hum ! Rassurant ? Euh… je ne comprends pas trop…

A moins que tu fasses allusion à notre passé d'ados ?

D'ailleurs, pourquoi me rappeler après tant d'années ?

Je pensais que la rupture nous aurait condamnés… »

 

 

« Eh bien, disons qu'il y a du vrai dans ce que tu dis

Mais à ce que je sais, l'avenir, personne ne le prédit.

Ce n'est un secret pour personne que c'était très dur

De me remettre de la désillusion qui a suivi la rupture !

 

J'ai logiquement essayé de te boycotter, et t'oublier.

Et je veux bien reconnaitre n'avoir pas toujours su lier

Les 2 bouts pour te satisfaire quand on était ensemble,

Mais devant toi, je ne répondais jamais de mes membres.

 

La vérité c'est que, si je suis devenu ce que je suis,

C'est en partie à cause des souvenirs que je fuis.

J'ai grandi à tes côtés, comme dans ta mémoire…

A chaque coup dur, c'est toujours toi dans mon miroir !

 

Aujourd'hui je ne peux plus vraiment nier l'évidence :

Nous avons chacun fait nos vies depuis l'adolescence,

Mais même un adulte a besoin d'une base bien connue

Pour embrasser l'avenir et vaincre ses démons cornus »

 

« - Euh, t'es obligé de préciser qu'ils ont des cornes ?

- T'es obligée de poser des questions aussi connes ?

Tu sais bien que je me dois de rester fidèle au style,

Même si çà donne parfois lieu à des rimes débiles »

 

« Je vois que ce qu'on dit sur toi là n'est pas faux,

Il semble vraiment y avoir un grain qui te fait défaut ;

Et je me demande d'où çà vient, en y réfléchissant…

Bref c'est cool, je trouve çà plutôt rafraichissant ! »

 

« Trop de choses à la fois, c'est comme çà la vie :

On apparait dérangé ou amusant, selon les avis !

Mais je serais curieux de savoir qui te parle de moi,

Quand je me suis fait fantôme depuis de longs mois… »

 

« Oh ! Mais tu sais, ça parle toujours là dehors,

Que tu sois misérable ou que tu roules sur l'or…

Celui qui lance la rumeur n'a jamais d'identité,

Tu ne sauras donc pas qui me l'a aussi récitée !»

 

« Je vois ! On ne va donc pas trop s'y attarder…

Tiens parlons de toi, je vais un peu m'hasarder

A demander quelle est ta vie actuelle… es-tu mariée ?

Parce qu'avec d'anciens camarades on l'avait parié… »

« Je ne sais pas… soit t'essaies de faire de l'humour,

Soit tu ne sais vraiment rien de mes histoires d'amour !

Je ne suis pas mariée… enfin plus, depuis le dernier été ;

Donc pari un peu réussi, puisque je l'ai quand même été.

 

C'était en fait une expérience qui m'a laissée partagée :

Bons moments, et déceptions. Mais là je suis lassée,

Pour éventuellement envisager de refaire pareil saut !

Et j'ai une fille, donc je suis assez occupée avec le berceau… 

 

Tu le disais : c'est la vie, et lui ce n'était qu'un homme ;

Enfin, on ne change vraiment jamais ce que nous sommes !

Ça a duré 8 ans, et il m'a quitté pour une plus jeune fille

Donc dès qu'on me reparle de relation, je me méfie… 

 

Ton silence est plutôt éloquent. C'est la grande surprise ?

Dans la vie, il ne faut jamais trop croire en sa mise…

Mais Dieu, merci, je m'en sors bien… çà aurait pu être pire !

Toi ? Des enfants ?  Y a-t-il une femme pour qui tu soupires ? »

 

« Eh bien, j'avoue être un peu perdu après tout çà ;

Les hommes sont tellement lâches, quel coup bas !

On peut dire que tu n'as vraiment pas eu de chance.

Se faire trahir ainsi, j'ose à peine imaginer l'offense…

 

En ce qui me concerne c'est moins mouvementé.

J'ai une vie plus stable, sans vouloir me vanter…

Je n'ai pas encore d'enfant. J'ai commencé une relation

Avec Esse. Pour l'instant ce n'est qu'une tendre passion ! »

 

« - Esse ? Je ne sais pas… son prénom ne me dit rien…

- Elle était au lycée… tous les gars la trouvaient bien !

- Winter ? C'est elle ? Elle portait vraiment bien son nom ;

Elle refroidissait tout le monde ! C'était comme un don… »

 

« - Ah ! Je ne suis donc pas le seul qu'elle ait pu traumatiser !

- Elle nous rendait jalouses avec son shampoing aromatisé !

- Haha ! Femmes ! Mais aujourd'hui elle a tellement changé…

- Avec un petit garçon de 5 ans, c'est normal qu'elle se soit rangée… »